Ville de Sarcelles : un lieu à soi pour les jeunes filles

La Ville de Sarcelles et sa délégation droits des femmes portée par Chantal Ahounou, adjointe au Maire chargée de la démocratie locale, de la vie des quartiers, de la lutte contre les discriminations, la laïcité et les droits des femmes, et les associations Du côté des femmes et les Femmes africaines de Sarcelles et des environs (AFASE) ont développé un lieu de prévention par et pour les jeunes filles et jeunes femmes de 11 à 25 ans, installé dans un centre commercial.

Isabelle Boursier, chargée de mission Droits des femmes et laïcité à la Ville de Sarcelles, Eva Allouche, chargée de projet animation-prévention au sein de l'association Du côté des femmes et Ramata Dembele, juriste à l'AFASE présentent le développement de cette action.

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Pourquoi la Ville a-t-elle souhaité dédier un lieu pour les jeunes filles du territoire ?

Isabelle BOURSIER : Les droits des femmes requièrent sur notre territoire un écho au prisme médiatique. En complément du plan de lutte contre les discriminations, la Ville de Sarcelles soucieuse des inégalités persistantes entre les femmes et les hommes se mobilise. L’expérience du point d’accueil des victimes de violences intrafamiliales monté en urgence pendant la crise sanitaire nous a permis d’analyser une manière d’affiner la thématique des droits des femmes. Les jeunes filles représentent une cible que l’on perd dans le tissu associatif sur la tranche d’âge 14-20 ans. Un centre commercial est souvent un lieu de promenade de proximité. Cela peut donc être un espace de captation de leur curiosité. "Aller vers" nous semblait une piste. 

Un rendez-vous régulier est proposé tous les mercredis après-midis de 14h à 17h. Deux animatrices de l'AFASE et Du coté des femmes y assurent un accueil. Pour ce projet, nous avons également reçu le soutien de Christine Gabel, Déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité F/H de la Préfecture du Val d'Oise.

Comment ce lieu s’organise-t-il ?

Eva ALLOUCHE et Ramata DEMBELE : Le partenariat entre l’AFASE, Du côté des femmes et la ville de Sarcelles s’appuie sur un partage de valeurs communes, une même expérience au sein du Collectif du 8 Mars, actif sur la ville pendant 10 ans et une proximité géographique.

À partir d’un groupe d’adolescentes déjà actives au sein de l’AFASE, l’ouverture de cet espace a permis d’amorcer une dynamique pro-active avec le groupe, en s’appuyant sur leurs constats des inégalités filles-garçons, leurs propositions de changements, leurs demandes et besoins.

Plusieurs actions ont été menées à bien comme des actions relatives à la personnalisation du local et à l’investissement de l’espace, à travers des affichages de campagne de prévention pour interpeller le public dans le centre commercial.

Grace aux jeux, aux temps d’échanges et au cadre du lieu, des sujets complexes ont pu être abordés comme le consentement, le corps et les sexualités, ou les violences dans le couple (nous avons notamment utilisé un Violentomètre géant).

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Quels ont été les premiers effets observés sur les jeunes filles, les parents et les professionnel·les ?

Eva ALLOUCHE et Ramata DEMBELE : Un noyau dur de 6-8 participantes s’est constitué : assidues, motivées, force de propositions. Au total 21 adolescentes ont participé aux ateliers et font vivre le lieu.
Elles expriment un fort besoin de comprendre la société qui les contraint, de connaitre d’autres modèles, de sortir des injonctions sur le corps des femmes (Body positive), de partager leurs idées, d’être légitimes à s’exprimer et d’être accompagnées pour gagner en confiance en elles et revaloriser leur estime d’elle-même.

Nous constatons qu’aucuns freins n’a été posé aux filles de la part de leurs parents sur l’objet du projet et/ou sur leur participation active,
Des adultes fréquentant My Place ont manifesté curiosité et intérêt pour le lieu, le sujet de l’égalité filles-garçons et certain·es même ont partagé qu’ils en parleraient à leur « petite voisine », « aux filles qu’ils connaissent » et/ou « reviendront avec leur propre fille ».

Enfin, du côté des professionnel·les, l’adhésion de la Compagnie de Phalsbourg, le soutien de la mairie de Sarcelles et l’impact positif de l’occupation des lieux ont facilité le développement du projet.
Les conditions sanitaires actuelles ne nous permettent toujours pas de reprendre dans le local. C’est pourquoi nos ateliers actuels ont lieu dans les locaux de l’AFASE. La ville relaie auprès de ses partenaires pour rendre pérenne de nouveaux projets concordants.