Anne-Laure Duny, Directrice générale adjointe en charge de l’Action sociale à la Mairie de Pré-Saint-Gervais revient sur les effets bénéfiques de la formation des professionnel·les de la petite enfance à l’intégration de l’égalité filles-garçons dans leurs pratiques.
Pourquoi la Ville a-t-elle souhaité sensibiliser les professionnel·les de la petite enfance ?
Anne-Laure Duny (ALD) : L’éducation des enfants de moins de 3 ans ne bénéficie d’aucun plan relatif à la démarche égalitaire au niveau national, et pourtant, nous savons que la construction des préjugés commence dès le plus jeune âge. Convaincue que l’égalité des genres est une priorité, la Ville s’est fortement engagée dans ce travail auprès des professionnel·les petite enfance. Le champ de la petite enfance est en effet un levier important et l’égalité fille-garçon est une base essentielle à la construction d’une société plus égalitaire.
Afin d’approfondir cette notion, la Ville du Pré Saint-Gervais a consacré une journée pédagogique à l’égalité fille-garçon animée par le Centre Hubertine Auclert. Elle a également organisé une réunion en soirée à destination des assistantes maternelles sur ce thème.
Cette sensibilisation devait leur donner les moyens de repérer les inégalités dans l’organisation, le fonctionnement mais aussi dans leur façon de prendre en charge les enfants et leurs familles. Elle avait pour finalité de contribuer à garantir, à chaque enfant, un développement équitable qui laisse la porte ouverte à tous les possibles, qui valorise ses compétences par rapport à qui il est et non à ce qu’il est et participe au développement de la confiance en soi si importante dans la construction de son identité.
Avez-vous pu mesurer les premiers effets de cette sensibilisation sur les professionnel·les ?
ALD : Ces espaces de discussion et d’échanges auprès des professionnel·les des établissements d’accueil du jeune enfant et des assistantes maternelles, ont permis :
- de lever certains préjugés et plutôt de se questionner sur son positionnement face aux genres, de faire évoluer son propre regard. Par exemple, les assistantes maternelles échangent désormais régulièrement, dans les ateliers, sur la question du genre et leur positionnement au domicile a évolué,
- d’apporter et ouvrir des questionnements sur les pratiques professionnelles et ce que les professionnel·les induisent inconsciemment. Ce travail autour de l’égalité et la mixité sociale a permis d’apporter du sens, une cohérence pour les équipes petite enfance. Cette sensibilisation les a rendues notamment plus vigilantes collectivement dans leurs propositions de jeux et jouets (fille/garçon),
- de réfléchir l’accompagnement des familles et des enfants face à leurs interrogations sur ce sujet et les accompagner dans des choix de livres et de jeux.
Quels conseils donneriez-vous aux collectivités qui souhaitent intégrer l’égalité dans le champ de la petite enfance ?
ALD : L’égalité fille-garçon est un véritable engagement sur le long terme. Ce projet doit être introduit dans l’optique de changer les pratiques au long court et opérer un changement de fond. L’adhésion de chaque acteur est primordiale pour adopter des nouvelles pratiques, un nouveau fonctionnement, un nouveau regard et une nouvelle posture face aux enfants et aux usagers de la collectivité.
La plus-value de ce travail se fait au fil du temps. Il faut entrevoir ce travail non pas comme une simple sensibilisation mais comme un véritable processus. Ce nouveau positionnement est au cœur de chaque décision aussi bien dans la prise en charge des enfants mais aussi dans le choix des albums, des jeux, des propositions d’atelier ou encore dans la relation avec les parents. Suite à cette sensibilisation, une exposition des affiches d’Elise Gravel (support découvert lors de la journée pédagogique) a été installée dans le hall de la crèche permettant un échange très constructif entre les familles et les professionnel·les sur ce sujet parfois complexe à aborder.