Il y a des sujets qui devraient révolter unanimement, des pratiques qui devraient rester de l’ordre de l’inimaginable dans notre société. La soumission chimique, sous couvert de domination et de contrôle, transforme les femmes en objets, des corps que l’on manipule, que l’on asservit. Souvent invisible, souvent silencieuse, c’est une arme dévastatrice.
Au cœur du sordide procès Mazan, la soumission chimique est révélée au grand jour à l’opinion publique. Nous découvrons que ce phénomène sociétal n’est donc pas circonscrit aux milieux festifs. C’est bien l’entourage proche, professionnel ou amical, et en particulier le cercle familial notamment au sein du foyer, qui est impliqué. 42,6 % de ces viols par soumission chimique ont eu lieu dans le contexte privé contre 19,5 % dans un contexte festif.
Il n’est pas seulement question ici de consentement bafoué, mais bien d’un viol, d’une atteinte profonde à la dignité humaine. La femme déshumanisée, « la femme objet ». Alors que nous luttons contre les violences faites aux femmes, celle-ci ne fait pas preuve de sensibilisation, de prévention, comment prévenir l’inimaginable ? Comme dans d’autres situations d’agression, les phénomènes d’emprise et la crainte des répercussions sociales et familiales empêchent les victimes de parler ou d’agir. Grâce à son courage, Gisèle Pélicot, a choisi de parler pour toutes celles qui, vulnérables, abusées, maltraitées, se tuent dans leur silence. Mais c’est à nous d’agir collectivement, en nous engageant pour notre liberté, notre intégrité, et notre dignité.
Le 5 novembre prochain à Saint-Ouen, 5 ans après le Grenelle des violences conjugales, le Centre Hubertine Auclert vous présentera les résultats et préconisations de notre étude Protéger les victimes de violences conjugales et prévenir les féminicides. Suite au projet régional de formation des forces de sécurité franciliennes, nous vous proposerons un retour d’expériences d’effectifs de la Police nationale sur les outils et dispositifs visant à améliorer le recueil de la plainte et l’évaluation du danger.
Cette étude fera un focus sur les enjeux fondamentaux de l’évaluation du danger, de la protection des victimes, et du recueil de la parole. Notre objectif est de se saisir ensemble, avec nos partenaires, des perspectives d’amélioration des dispositifs actuels.
Reconnaissance légale des délits, Formations des publics professionnels, prévention, dispositifs d’accueil, prise en compte de la parole et écoute, orientation et dispositifs de prise en charge des victimes : nous sommes au cœur de l’écosystème structurant et indispensable d’une politique efficace de lutte contre les violences. Ensemble, nous avons le devoir d’agir pour mettre fin à la femme objet !