Étude / Rapport / Statistiques
Etude sur la prostitution des mineures
Enfants victimes
Agresseur·euses
Prostitution, traite
Violences physiques
Violences psychologiques
Violences sexuelles
Violences économiques
Adolescente
Adolescent
Description

L’objectif de ces études, réalisées par l’Observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis entre 2019 et 2020, est avant tout de « mieux connaître afin de mieux protéger » : analyser les parcours de vie des mineures en situation de prostitution ou en risque de l’être, pour identifier des facteurs de risques prostitutionnels et apporter ces informations aux professionnel·le·s de l’enfance et de l’adolescence, dans une perspective de prévention.
L’intérêt du travail effectué porte également sur l’évaluation de l’efficacité des réponses apportées par les professionnel·le·s de

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L’objectif de ces études, réalisées par l’Observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis entre 2019 et 2020, est avant tout de « mieux connaître afin de mieux protéger » : analyser les parcours de vie des mineures en situation de prostitution ou en risque de l’être, pour identifier des facteurs de risques prostitutionnels et apporter ces informations aux professionnel·le·s de l’enfance et de l’adolescence, dans une perspective de prévention.
L’intérêt du travail effectué porte également sur l’évaluation de l’efficacité des réponses apportées par les professionnel·le·s de la protection de l’enfance.
Entre 6 000 et 10 000 mineures seraient prostituées aujourd’hui en France, en majorité des filles de 13 à 16 ans. (Agir contre la prostitution des enfants)
La majorité des adultes en situation de prostitution, dont le nombre est évalué à 37 000 environ, seraient entrées en prostitution au cours de leur minorité. (le Mouvement du Nid)
Les trois études dénombrent 77 mineures victimes ou en risque de prostitution (dont 69 filles) et 12 mineurs proxénètes (dont 8 garçons).
Un parcours marqué par la violence
• Pour 7 mineures victimes de la prostitution sur 10, des violences subies hors du contexte prostitutionnel ont été repérées par les professionnel·le·s. Il s’agit 8 fois sur 10 de violences physiques et/ou sexuelles.
• Lorsque les violences sont sexuelles, il s’agit d’un viol pour 1 cas sur 2.
• Les deux tiers des proxénètes suivis par la PJJ ont également subi des violences dans leur enfance
et leur adolescence, et une décision de protection de l’enfant n’a été prise qu’une seule fois.
• 1 mineure victime de la prostitution sur 2 a subi des violences de ses parents et/ou de ses beaux-
parents.
• Pour 4 mineures victimes sur 10, leur mère a subi des violences conjugales.
Dans les dossiers les plus complets que sont ceux des juges des enfants, ce sont 6 mineures sur 10 dont la mère a été victime de violences conjugales.
Précarité et désinvestissement scolaire
• 1 mineure sur 2 a été placée au moins une fois au cours de sa vie, tout comme 2 proxénètes suivis par la PJJ sur 3.
• La situation du foyer est précaire pour 7 mineures sur 10.
• 1 mineure sur 2 a fugué plusieurs fois avant l’entrée dans la prostitution.
• 8 victimes sur 10 présentent un rapport difficile avec l’institution scolaire, dont 6 sur 10 sont
déscolarisées.
Les proxénètes suivis par la PJJ auraient également tous un mauvais rapport à l’école, et 6 sur 10 sont déscolarisés.
• 1 mineure sur 2 a développé une addiction, à la drogue pour 70 %. Pratiques prostitutionnelles
• L’âge médian des victimes au moment de leur premier acte prostitutionnel est de 15 ans.
• Au moins 6 mineures sur 10 ont été victimes de proxénétisme.
• Aucune des mineures suivies par la PJJ ne reconnaît être ou avoir été en situation de prostitution,
et un seul proxénète se considère comme tel.
Suites aux révélations
• Pour les dossiers des juges des enfants, dans 72 % des cas de violences subies avant l’entrée dans la prostitution ayant été dénoncées aux autorités compétentes, il n’y a pas eu de suites judiciaires.
• Plus de 75 % des mineures en situation de prostitution ne bénéficient d’aucun suivi psychologique,
notamment en psychotraumatologie.

Préconisations
Pour tout cas de violence, nous préconisons la présomption de crédibilité pour les victimes et l’application du principe de précaution, essentiels si nous voulons les protéger.
• Développer des actions de prévention sur les violences, notamment sexuelles, dès la maternelle et au cours de toute la scolarité, afin de faciliter la révélation des violences subies par les enfants.
• Former les professionnel·le·s pour une prise en charge spécifique (psychologique, travail sur l’estime de soi, encadrement pour rompre les liens avec les réseaux) sur la prostitution des mineures : forces de l’ordre, magistrat·e·s, travailleurs sociaux, travailleuses sociales, professionnel·le·s de l’éducation. Privilégier le questionnement systématique sur les violences subies, comme le préconise la Haute Autorité de santé.
• Mieux prendre en compte les violences sexuelles révélées durant l’enfance, en particulier dès la révélation, pour mieux protéger les victimes.
• Mieux réprimer les proxénètes (dont les hôteliers favorisant la prostitution des mineures) et les clients de la prostitution, conformément à la loi.
• Accroître la surveillance des réseaux sociaux et des sites de petites annonces, par exemple par la mise en place de cyberpatrouilles, effectuées par des policier·e·s et des gendarmes spécifiquement formé·e·s et habilité·e·s à la recherche et la constatation d’infractions commises sur le réseau d’Internet.
• Renforcer les obligations auxquelles sont tenus les sites Internet, notamment concernant la diffusion de contenus à caractère pornographique.
• Améliorer la prise en charge sanitaire et psychotraumatique.
• Mettre en place des structures spécifiques pour l’accueil et l’orientation des mineures victimes de prostitution, sur le modèle du Lieu d’accueil et d’orientation de Bagnolet (POW’HER), dédié aux jeunes femmes de 15 à 25 ans.
• Mettre en place un dispositif d’hébergement au niveau national permettant d’héberger de façon adaptée les victimes de la prostitution et de les protéger du réseau par l’éloignement géographique.
• Sensibiliser davantage les juges et les jeunes sur la possibilité pour une personne majeure ou mineure émancipée éprouvant de graves difficultés d’insertion sociale de demander au ou à la juge des enfants la prolongation ou l’organisation d’une action de protection judiciaire, jusqu’à l’âge de 21 ans.
• Mettre en place un dispositif spécifique d’évaluation et de prise en charge éducative, sur le modèle du dispositif expérimental d’action éducative en milieu ouvert renforcée lancé en 2020 en Seine-Saint-Denis par un groupe de travail conduit par le parquet et le tribunal pour enfants de Bobigny.

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Public(s) cible(s)
Étudiant·es
Professionnel·les de l'éducation
Professionnel·les de la santé
Élu·es et agent·es des collectivités et de l’administration
Auteur·trice·s
Observatoire des violences envers les femmes du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
Année de publication
2020
Date de mise à jour
02/03/2023 18:43