Gender & Climate Change : ateliers sur l'écoféminisme à Orly

Chloé Hadida, responsable du projet Gender and Climate Change (GCC) au sein de l’ONG CliMates et Valérie Vidal, directrice politique de la ville et développement économique à Orly nous expliquent comment la Ville d’Orly s’est engagée sur les questions d’écoféminisme, de genre et de climat et quels projets ont été mené avec CliMates.

Pouvez-vous présenter le projet GCC et vos actions à destination du public notamment ?

Chloé Hadida (CH) : L’ONG CliMates est un laboratoire d'idées et d'actions international, réunissant des volontaires, étudiant·es et jeunes professionnel·les autour des enjeux climatiques. L’objectif de notre ONG est de relever le défi du changement climatique. GCC est un projet de recherche-action au sein de CliMates. Notre approche est à la fois fondée sur la recherche et la vulgarisation de la littérature académique sur l'intersection entre les questions de genre et les enjeux environnementaux, mais aussi sur l'engagement de terrain via des actions de sensibilisation. Nous participons régulièrement à des évènements sur ces enjeux et avons créé des outils de sensibilisation variés (quizz, jeu de mémo sur les figures et les mouvements phares de l'écoféminisme, fresque de l'écoféminisme, etc.).

Quelles sont les raisons qui ont poussé la Ville d’Orly à aborder les questions d’écoféminisme, de genre et de climat ? Comment s’est construit le projet ?

Valérie Vidal (VV) : L'initiative de la sollicitation de l’ONG par la Ville est née conjointement du secteur développement durable et du groupe de travail sur l'égalité femmes-hommes qui souhaitaient mettre en place des actions en lien avec les inégalités des droits à la santé entre les femmes et les hommes et les enjeux climatiques.

(CH) : GCC a construit la fresque de l'écoféminisme pour aborder de manière ludique la question de l'écoféminisme avec les habitant·es d'Orly. La fresque de l’écoféminisme est un serious game qui permet de comprendre les liens entre différentes thématiques (care, capitalisme, changement climatique, mobilité, patriarcat, etc.) et in fine d’avoir une meilleure idée de ce qu’est l’écoféminisme. Les participant·es sont invité·es à placer les cartes thématiques au fur et à mesure en fonction des liens qui sont identifiés et avec l’aide du dos des cartes qui proposent des pistes de réflexions. La fresque est accessible à tous et toutes à partir de l’adolescence.

Vous avez mis en place deux actions à Orly, un atelier-apéro sur le genre et le climat et une fresque de l’écoféminisme : quels retours pouvez-vous faire sur ces expériences ?

(VV) : CliMates est donc intervenue à l'occasion d'un apéro durable en novembre 2022 et nous l'avons sollicitée à nouveau pour proposer la fresque sur l'écoféminisme dans le cadre de la journée du 8 mars. Il s'agissait de sensibiliser les Orlysien·nes à ces enjeux de façon ludique.
La première action a permis de découvrir la notion très mal connue de l'écoféminisme. La journée du 8 mars a accueilli davantage de participant·es notamment des jeunes lycéennes (une trentaine de participant·es).

(CH) : Ces expériences nous ont permis d'expérimenter notre fresque auprès d'un public varié (lycéen·nes, salariées du centre social, doctorantes, etc.) et d'avoir des échanges riches et passionnants sur la manière dont les différentes notions de la fresque résonnent avec le quotidien des participant·es. Nous pensons que la mise en lumière des imbrications entre les questions de genre et l'ensemble des autres concepts relatifs aux questions environnementales (changement climatique, gaspillage, mobilité, aménagements urbains, etc.) est important et nécessaire. Nous avons le sentiment que les participant·es ont pu appréhender des liens qui n'étaient pas forcément intuitifs au premier abord. En parallèle, les échanges avec les participant.es ont nourri nos réflexions et nos futures démarches.

Comment les collectivités peuvent s’engager en faveur de l’écoféminisme et des enjeux croisés entre le genre et le climat ?

(CH) : Plusieurs points qui nous semblent clés :

  • Le genre comme grille d'analyse pour construire ses futures politiques : les collectivités peuvent et doivent questionner les enjeux et les impacts genrés de l'ensemble de leurs politiques (économiques, environnementales, urbanisme, etc.). Plusieurs outils existent : étude d'impact, budgétisation sensible au genre, etc. S'inspirer des bonnes pratiques de certains pays (le Népal, le Cambodge ou le Kenya sont les « champions » de l'intégration du genre dans leurs Contributions nationales à la lutte contre le CC (NDCs) comme le montre ce rapport de CARE) pourrait aussi être pertinent.
  • Questionner les impacts des discours sur les inégalités de genre : les discours politiques de promotion des éco-gestes ont par exemple un impact sur les inégalités de genre et les rapports de pouvoir au sein des foyers.
  • Valoriser le care.
  • L'enjeu de représentation (des femmes, des minorités de genre et globalement des personnes sous-représentées dans les sphères de pouvoir) est également clé : si l'écrasante majorité des politiques publiques, des institutions, des démarches reproduisent des biais genrés voire sexistes, c'est aussi parce que les femmes sont encore aujourd'hui minoritaires dans les sphères de pouvoir et de prises de décisions (en collectivité, en entreprise, etc.).
  • Lire notre petit guide de l'écoféminisme et se former aux enjeux notamment en participant à une fresque de l'écoféminisme.

Atelier Fresque de l'écoféminisme à Orly avec CliMates