Communiqué

Communiqué « Cessons de banaliser les cyberviolences conjugales ! »

Mis à jour le 12/05/2023

Communiqué de presse du Centre Hubertine Auclert - 12 mai 2023

Selon les chiffres IFOP publiés jeudi 11 mai 2023 pour le Journal du Geek, 4 personnes sur 10 en couple déclarent avoir déjà espionné le téléphone de leur conjoint·e. Repris par de nombreux médias, ces chiffres sont majoritairement présentés comme une pratique anodine ou légère. Le Centre Hubertine Auclert rappelle qu’il s’agit d’une forme de cyberviolence conjugale sanctionnée par la loi.

Regarder les conversations, le journal d’appel ou encore les photos de sa ou son conjoint·e à son insu semble être une pratique courante. Elle se nourrit notamment de stéréotypes sur les relations amoureuses selon lesquelles il serait nécessaire de « tout partager » au sein du couple, arguments qui peuvent être instrumentalisés par les agresseurs dans le cadre de violences conjugales.

Ces actes sont pourtant interdits par la loi : le délit de violation du secret de correspondance sanctionne « le fait, commis de mauvaise foi, d’intercepter, de détourner, d’utiliser ou de divulguer les correspondances émises, transmises ou reçues par la voie électronique ou de procéder à l’installation d’appareils de nature à permettre la réalisation de telles interceptions. » (article 226-15 du Code pénal). La sanction est d’autant plus importante lorsque ces actes sont commis par le partenaire ou l’ex.

La cybersurveillance s’inscrit dans le cadre des violences conjugales

« Des statistiques comme celles du sondage IFOP peuvent participer à légitimer la banalisation des cyberviolences. Il est essentiel de rappeler que les femmes en sont les principales victimes », alerte Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert.

En 2018, l’étude du Centre Hubertine Auclert révélait que 9 femmes victimes de violences conjugales sur 10 subissent des cyberviolences.

La cybersurveillance correspond aux stratégies mises en place par les agresseurs pour avoir un contrôle continu sur les déplacements, agissements et relations de la victime. Elle peut être imposée – l’agresseur exige de connaître les mots de passe des outils et comptes en ligne – ou réalisée à l’insu (par exemple en consultant les messages ou les comptes en ligne).

Dans de nombreux cas, la surveillance des communications n’est pas un fait unique, mais s’inscrit dans un continuum de violences. Les différentes formes de cyberviolences se cumulent avec d’autres formes de violences conjugales non numériques (psychologique, physique, sexuelle...).

Cette cybersurveillance a des conséquences importantes pour les victimes de violences conjugales

  • Sur la santé mentale et physique : notamment liées au sentiment d’être surveillées en permanence.
  • Sur les relations sociales : restriction des communications avec les proches et/ou avec les professionnel·les qui les accompagnent, isolement accru des victimes.

Face au risque de banalisation de ces violences, il est urgent de faire connaître le cadre légal. Rappelons également le droit pour toutes et tous à garder ses communications privées, même au sein du couple.

[En cas de violences conjugales, il est possible d'appeler le 3919, ligne d'écoute confidentielle et gratuite (7j/7 et24h/24)].

Contact presse

Auriane Duroch-Barrier