En octobre 2022, le Digital Services Act (DSA) a été publié au Journal officiel de l’Union européenne. Ce texte, combiné au Digital Market Act (DMA) renouvelle le cadre européen en matière de régulation des grandes entreprises du numérique. Me Rachel-Flore Pardo, avocate au barreau de Paris, co-fondatrice de l’association Stop Fisha et co-rédactrice de l’ouvrage Combattre le cybersexisme, revient sur cette avancée législative et les impacts pour la lutte contre les cyberviolences sexistes, sexuelles et LGBTphobes.
En décembre 2020, deux projets de loi européens ont été présentés pour renouveler les règles d’encadrement des plateformes en ligne. En effet, jusqu’ici prévalait la directive européenne adoptée en 2000, à une époque où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs débuts. Il y avait donc un véritable enjeu à adapter le cadre européen aux récentes évolutions du cyberespace. Il fallut moins de deux ans pour que ces règlements soient adoptés, au terme de nombreux débats.
Nous nous intéresserons ici exclusivement au DSA qui a vocation à réguler les services numériques et notamment la modération des contenus, alors que le DMA porte sur les marchés numériques. Le DSA entrera en application en février 2024, sauf pour les grandes plateformes de plus de 45 millions d’utilisateurs et utilisatrices (soit environ 10% de la population européenne) par mois – comme Google, Facebook, Snapchat, TikTok, Twitter, YouTube, etc. – qui seront concernées dès cette année 2023.
Quels sont les leviers d’action au niveau européen pour lutter contre ces cyberviolences ?
Quelles sont les principales avancées du DSA en matière de lutte contre les cyberviolences sexistes, sexuelles et LGBTphobes ?
Plusieurs militant·es européen·nes, dont des militantes de Stop Fisha, se sont mobilisé·es pour soutenir l’article 24b sur la régulation des sites pornographiques (qui hébergent de nombreuses images/vidéos diffusées sans le consentement) qui a finalement été retiré.
Quels étaient les enjeux ?
Dans ce décryptage, Me Rachel-Flore Pardo rappelle l’importance d’un meilleur encadrement des plateformes par le cadre légal (européen et national) afin de pouvoir lutter plus efficacement contre les cyberviolences sexistes, sexuelles et LGBTphobes.