Edito spécial

(Édito spécial) #IncesteParlonsEn : prévenir pour refuser l'indicible

Mis à jour le 23/11/2021

Édito spécial de Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert

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#IncesteParlonsEn : conter l'inceste, parlons-en pour agir

Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert

Le 17 novembre 2021, le Centre Hubertine Auclert publiait le rapport inédit EVA "Vaincre l'Inceste et s'en Affranchir", commandé par la présidente de la Région Île-de-France huit mois auparavant. Intitulé en référence à Eva Thomas, la première victime d’inceste à témoigner publiquement à la télévision française, le rapport propose des préconisations concrètes contre ce crime invisible, nourri de silence et de honte.

Lorsque nous choisissons d'ouvrir les yeux, la réalité objective de ce fléau se fait aveuglante : 160 000 enfants subissent chaque année des violences sexuelles. Moins de 1 000 personnes sont condamnées pour ces agressions. 52 % de victimes d’inceste souffrent d’amnésie traumatique, de maladies chroniques, de troubles de l’apprentissage scolaire et d’impacts durables sur leur vie sociale, affective et professionnelle...

Jusqu'ici, nous préférions enfouir cette réalité accablante qui se situe au fondement des rapports de domination entre les femmes et les hommes. Rien de surprenant pour une société qui fuit régulièrement sa responsabilité en matière de violences systémiques... Aujourd'hui, de nombreuses initiatives sont enfin engagées, nationalement comme régionalement, pour briser le silence et agir : celle du Centre Hubertine Auclert en fait résolument partie !

Pour répondre directement à l'une des recommandations centrales du rapport EVA, la campagne « Inceste, parlons-en » propose un dispositif inédit et volontairement percutant à destination du public adolescent : envoyée dans tous les lycées et CFA d’Île-de-France, elle rappelle combien le tabou de l’inceste n’est pas de le commettre, mais d’en parler, comme le dit si justement l'anthropologue Dorothée Dussy.

À une époque où les « professionnels du scepticisme » à l’égard de l’égalité femmes-hommes remettent perpétuellement en question les violences faites aux femmes et aux enfants, nous avons le devoir de prendre la parole, aussi dérangeante soit-elle, afin de briser le silence mortifère autour de l'inceste.

Je vous remercie par avance de relayer, de partager, de commenter #IncesteParlonsEn autour de vous.

Parlons-en. Ne nous taisons plus. Refusons l'indicible.

Marie-Pierre Badré,
Présidente du Centre Hubertine Auclert