Le Centre Hubertine Auclert publie une nouvelle étude inédite et novatrice, intitulée (Cyber)violences de genre chez les 11-18 ans : victimations, sexistes, sexuelles et LGBTphobes dans les collèges et lycées franciliens.
Contexte, cadre et méthodologie
L’étude du Centre Hubertine Auclert établit des chiffres inédits d’envergure collectés dans des collèges et lycées franciliens (3 828 élèves interrogées et interrogés). Ce travail novateur documente, quantifie et analyse la pluralité des (cyber)violences de genre de la 6ème à la terminale, tant à l’école que dans le cyberespace, ainsi que leurs impacts pour les victimes. La méthodologie innovante a permis d’obtenir des données de victimations genrées concernant non seulement les filles et les garçons, mais aussi les élèves associés et associées par les autres à la communauté LGBT+.
Les (cyber)violences de genre sont la conséquence d’inégalités structurelles entre femmes et hommes. Elles aussi sont facilitées par ces inégalités et contribuent à les maintenir. Les (cyber)violences de genre visent alors à faire respecter un ordre différencié et hiérarchisé entre le féminin et le masculin, dans une société hétérocisnormative favorisant les personnes cisgenres et hétérosexuelles. Les personnes doivent rester à la place qui leur est assignée t les normes de genre dominantes.
Cette étude, cofinancée par la DGESCO et la Région Ile-de-France, a été réalisée en partenariat a les rectorats des académies de Créteil, Paris et Versailles, sous la direction scientifique de Margot Déage et avec l’agence de sociologie n-clique.
Les filles LBT+, premières victimes du continuum des (cyber)violences de genre
Les personnes LGBTQIA+, en particulier les personnes trans et non binaires, sont plus massivement exposées à ces (cyber)violences de genre car elles transgressent ces normes hétérocissesixtes, qu’elles soient à l’intérieur des catégories hommes/femmes (binarité) ou en dehors (non-binarité). Les élèves LGBTQIA+ subissent de manière disproportionnées toutes les formes de (cyber)violences ainsi que des (cyber)violences spécifiques LGBTQIA+phobes comme l’outing. Les filles sont également plus touchées par les (cyber)violences de genre que les garçons. Des facteurs de risques d’exposition aux (cyber)violences de genre à haute intensité ont aussi pu être identifié et calculé, explicitant qu’être LGBTQIA+, être une fille et être en couple surexposent les élèves à quasiment toutes les formes de (cyber)violences à haute intensité, qu’elles soient sexuelles, psychologiques ou physiques.
Cette étude montre ainsi que les élèves font face à un continuum de (cyber)violences en milieu scolaire, se prolongeant dans l’espace numérique, dont les premières victimes du continuum des (cyber)violences de genre sont les filles lesbiennes, bisexuelles et trans.
Faire face aux (cyber)violences de genre
Les conséquences des (cyber)violences sont graves : les élèves qui ont subi des (cyber)violences psychologiques à haute intensité sont presque dix fois plus nombreuses et nombreux à se sentir mal dans leur établissement que les élèves n’ayant subi aucune (cyber)violence. Pour faire face aux (cyber)violences de genre les élèves mettent en place des stratégies, entre affrontement et évitement de subir des (cyber)violences complémentaires.
Seulement 26% des victimes osent en parler. Parmi ces élèves, uniquement 13% se tournent vers les adultes de l’établissements.
Les établissements scolaires ainsi que les équipes pédagogiques et éducatives ont un rôle à jouer dans la lutte et la prévention des (cyber)violences de genre.
Préconisations
Des préconisations à destination des actrices et acteurs de l’éducation nationale ont été formulée à la suite des résultats et constats de cette étude. Trois axes prioritaires ont été définis :
- Formation des professionnelles et professionnels
- Prévention et pour sensibiliser
- Agir pour lutter face aux (cyber)violences dans les établissements.
- Affirmer le rôle des établissements scolaires et de la communauté éducative
- Prendre les victimes en charge
- Responsabiliser les personnes qui commettent ces (cyber)violences de genre.

