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À paraitre – Étude « (Cyber)violences de genre chez les 11-18 ans : victimations sexistes, sexuelles et LGBTphobes dans des collèges et lycées franciliens »

En 2016, une étude pionnière réalisée par le Centre Hubertine Auclert dans des établissements scolaires franciliens mettait en lumière les rouages sexistes des cyberviolences vécues par les élèves de la 5ème à la 2nde en Île-de-France. Ces violences reproduisent et amplifient le contrôle sur le corps, le comportement et la sexualité des filles, ainsi que la stigmatisation voire l’exclusion des élèves qui ne correspondent pas aux normes de genre. Les cyberviolences sont fortement imbriquées avec les violences hors ligne : ainsi les violences peuvent s’exercer en continu : commencer dans la cour de récréation, se poursuivre sur les réseaux sociaux, puis à nouveau dans l’espace de la classe, avec des conséquences démultipliées pour les victimes.

Une nouvelle étude pour approfondir les connaissances

Pour approfondir la réflexion sur les nouvelles formes de cyberviolences de genre, ainsi que la porosité entre l’espace numérique et le milieu scolaire, le Centre Hubertine Auclert a travaillé entre 2022 et 2024 avec l'agence de sociologie n-clique et Margot Déage, chercheuse spécialisée sur la réputation genrée à l’adolescence et les risques qui en découlent pour réaliser une nouvelle étude, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et les trois rectorats d’Île-de-France.

Cette nouvelle étude a mobilisé une méthodologie quantitative et qualitative. Près de 4 000 élèves de 14 établissements volontaires ont répondu à un questionnaire de victimation détaillé. 49 entretiens ont eu lieu avec des professionnels et professionnelles, complétés par 34 focus groupes avec des élèves, ainsi que 32 échanges individuels avec des élèves.

Des résultats pionniers

Cette nouvelle étude du Centre Hubertine Auclert, qui sera disponible en fin d’année 2025, documente et quantifie le continuum des (cyber)violences de genre vécues par les élèves de la 6ème à la terminale, tant dans l’espace scolaire que dans le cyberespace, ainsi que le profil genré des victimes. La méthodologie innovante a permis d’obtenir des données de victimations genrées concernant non seulement les filles et les garçons, mais aussi les élèves assignés à la communauté LGBTQIA+.

Les différentes formes de (cyber)violences sexuelles, psychologiques et physiques vécues par les élèves sont documentées, et trois facteurs de risques à une exposition aux violences sont identifiées :

  • le fait d’être assigné ou assignée par les autres élèves à une identité LGBT+,
  • le fait d’être ou d’avoir été en couple,
  • le fait d’être une fille (pour les (cyber)violences sexuelles et psychologiques).

Les résultats permettent également de mieux connaitre les réactions des élèves et des personnels de l’Éducation nationale face à ces (cyber)violences, ainsi que leurs conséquences sur la scolarité, la santé et la vie sociale des élèves. Enfin, l’étude met en lumière les actions de prévention effectuées, et les besoins différenciés des élèves.

Des pistes d’action

Les conclusions de l’étude servent à identifier de nouveaux leviers d'action pour les équipes enseignantes et éducatives ainsi que pour les politiques publiques.

Trois axes structurent les préconisations autour de : 

  • la formation des professionnelles et professionnels,
  • de la prévention de ces (cyber)violences,
  • la prise en charge des victimes et des personnes ayant commis ces violences au sein de la communauté éducative.

De manière générale, il est important de ne pas diaboliser le numérique mais bien de s’attaquer aux logiques sexistes qui se déploient en ligne comme ailleurs. Ces technologies font désormais partie de notre quotidien et constituent des espaces essentiels de communication, d’apprentissage et de divertissement. Ce sont également des lieux de transgression des normes en favorisant les échanges d’expériences et le partage de ressources sur les questions de genre et de sexualités.