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Rapport de la Conférence lesbienne* européenne (EL*C) sur les violences lesbophobes en Europe

Mis à jour le 21/06/2023

L'Observatoire régional des violences faites aux femmes présente le rapport de l’EuroCentralAsian Lesbian* Community (EL*C), paru en mai 2023, sur les violences lesbophobes en Europe. Ce rapport est issu des travaux de son Observatoire de la lesbophobie, qui a collecté des données remontées par 50 partenaires d’Europe, dont, pour la France, l’association Les Dégommeuses.

Ce rapport met en lumière les violences lesbophobes en Europe, notamment dans l’espace public, dans la famille, en ligne et dans la sphère politique. Il aborde les questions de l’accès aux droits pour les victimes, les dispositifs de soutien et d’accompagnement, ainsi que la perception sociale de la lesbophobie. Il fait un focus sur les pratiques néfastes, mutilations sexuelles, crimes dits d’honneur, et violences sexuelles. Enfin, il émet 14 recommandations à destination des pouvoirs publics afin de lutter contre les violences lesbophobes, les violences de genre et les crimes de haine contre les lesbiennes.

Ce focus a pour objectif de mettre en lumière quelques éléments de ce rapport, il n’est pas exhaustif, nous vous invitons donc à consulter le rapport complet pour plus d’informations.

carte sur les cas de lesbophobie en Europe - rapport ELC (2023)

 

En Europe, le rapport de l’EL*C

Parmi les situations de violences lesbophobes remontées par les partenaires de l’EL*C1 :

  • 40 % concernaient des violences commises dans l’espace public, dont 63 % contre des couples, avec des agressions physiques après que les victimes aient refusé de se soumettre à certains actes, comme refuser de s’embrasser ou laisser un homme « les rejoindre ». Cela rejoint des situations relevées en France par l’association SOS Homophobie dans son rapport annuel sur les LGBTIphobies pour l’année 2023 : « En danger dans la sphère privée, les lesbiennes le sont aussi inévitablement dans les lieux publics, qui restent le théâtre d’une lesbophobie ordinaire et décomplexée. Ici, un homme accoste deux femmes se tenant la main dans la rue, leur indiquant qu’il trouve cela “bizarre” ; là, un autre homme aborde un couple de femmes et leur propose un plan à trois, avant de poursuivre son chemin. Dans l’espace public, les lesbiennes, sans cesse sexualisées, se sentent constamment observées et en insécurité. »2
  • Plusieurs des situations de violences collectées concernaient des violences commises par des membres de la famille. Dans au moins deux situations, ces violences ont résulté en des meurtres lesbophobes, et au moins dans une situation en un meurtre transphobe. En France, SOS Homophobie note que les discriminations et violences lesbophobes se manifestent principalement dans le cadre familial (29 %) : « Ainsi, des parents n’acceptant pas l’homosexualité de leur fille en viennent à contrôler ses activités, allant jusqu’à installer un GPS sur son téléphone. Ailleurs, une jeune femme lesbienne est menacée de mort à l’arme blanche par sa mère. »
  • Les violences sont également commises en ligne. Le rapport note également que le mot « lesbienne » est souvent désavantagé dans les recherches en ligne et sur les réseaux sociaux, en étant liés à des contenus de pornographie, ce qui a un impact important sur la visibilité des organisations, activités et événements utilisant le terme « lesbienne » dans leur description. Dans plusieurs pays, le mot « lesbienne » contrevient aux règles éthiques des réseaux sociaux.

En France, une étude de l’INED en 2020

En France, en avril 2020, l’INED avait réalisé une synthèse pour le Défenseur des Droits, Violences intrafamiliales : les filles et les jeunes LGBT plus touchés, qui faisait apparaître que « la stigmatisation et les discriminations LGBTphobes de la société se traduisent dans le cadre familial en une très nette surexposition à toutes sortes de violences. ». Cette étude fait état d’une surexposition aux violences pour les jeunes femmes lesbiennes et bisexuelles par rapport aux femmes hétérosexuelles ainsi qu’aux hommes homosexuels ou bisexuel, et ce dans la sphère familiale. 

Cette surexposition existe en matière de violences psychologiques (injures, humiliations, dénigrements), dont les femmes lesbiennes et bisexuelles sont plus du triple des femmes hétérosexuelles à en être victimes. Ces violences sont également physiques : 20 % des femmes lesbiennes et bisexuelles ont vécus des violences physiques versus 6,1 % pour les femmes hétérosexuelles, 11,9 % des hommes homosexuels et 8,8 % des hommes bisexuels, et 5,9 % des hommes hétérosexuels ; et de violences sexuelles. Ainsi, 12,3 % des femmes bisexuelles déclarent avoir subi des attouchements du sexe, rapports sexuels forcés ou tentatives dans le cadre intrafamilial, et 9,8 % des lesbiennes (versus 2,5 % des femmes hétérosexuelles, 0,5 % des hommes hétérosexuels, et 6 % pour les hommes homosexuels).

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1. L’ELC note que le nombre total de situations remontées ne reflète pas l’étendue des situations de lesbophobie dans les pays présentés ; l’étendue du reporting étant impacté par la capacité de chaque organisation à signaler des situations et la volonté des médias de rendre compte des situations de lesbophobie. (« Please note that the total number of cases reported does not reflect the extent of lesbophobic cases in the countries presented. The extent of reporting is influenced by each organization’s capacity to register cases and the media’s willingness to report on lesbophobia. »)
2. SOS homophobie. (2023). Rapport sur les LGBTIphobies 2023.